Frédérique Buiche
Une vie pleine d’enseignements
Calcul mental : Frédérique Buiche a commencé à enseigner à Limas en septembre 1997. Elle part à la retraite en juillet 2021. Sachant que chacune de ses classes comptait en moyenne 25 enfants, à combien de petits Limassiens a-t-elle enseigné ? Elèves mais aussi parents, collègues, élus, membres d’associations… vous êtes si nombreux à l’avoir côtoyée pendant toutes ces années ! Avant de quitter l’école Fernand Gayot, elle a accepté de partager avec nous quelques souvenirs et anecdotes.
Les enfants d’abord
« Coopérants français en Algérie, mes parents étaient tous les deux enseignants. Je suis née là-bas et nous sommes arrivés en France en 1972. J’ai toujours souhaité travailler avec des enfants. Je voulais être puéricultrice et j’ai réussi le concours d’infirmière. J’ai décidé de changer d’orientation lorsque j’ai réalisé que je passerai plus de temps à la gestion d’une crèche qu’au contact des petits ». Elle étudie le droit et obtient, par ailleurs, son BAFA. Un jour, son père lui dit : « Une place d’enseignante suppléante est créée, est-ce que ça t’intéresse ? ». C’est ainsi que commence sa carrière, à Dieppe, en Seine-Maritime. « Le matin, j’avais une classe d’initiation Français Langue Etrangère avec des enfants turcs et maghrébins et l’après-midi, des CP », se souvient-elle.
Elle épouse ensuite un militaire, qui est muté au Mont Verdun en 1986. « J’ai enseigné trois ans au Perréon, puis j’ai dû suivre mon mari dans les Landes. Nous sommes revenus dans le Beaujolais en 1992 et nous avons choisi Villefranche, où j’habite depuis. J’ai d’abord été nommée à l’école élémentaire Ferdinand Buisson (Beligny) où j’ai enseigné 5 ans, puis à l’école de Limas ».
De Limas à Mieming
Nous sommes en 1997. Dès son arrivée, encouragée par la directrice, Mme Déchant et sa collègue, Mme Sœur, elle adhère au projet Comenius. « Nous avons travaillé avec des enseignants de Tchéquie, d’Angleterre et d’Autriche ». En juin 1998, une délégation composée d’élus se rend à Mieming, accompagnés de quelques enseignants pour leur permettre de tisser des liens avec l’école autrichienne. Le maire de l’époque, M. Boulaud propose la création d’un comité de jumelage, Pascal Girin en devient le président et Mme Buiche, la secrétaire. Une mission qu’elle assurera pendant 15 ans. « Le comité a mis en place de beaux projets. Avec Mme Bachelet, par exemple, nous avons organisé des échanges entre les jeunes de Limas et de Mieming pendant les vacances ».
S’ouvrir au monde
Ce n’est pas un hasard si cette enseignante, passionnée par les langues et l’international, s’investit dans le projet Comenius et le comité de jumelage. Elle commence sa carrière par l’enseignement Français Langue Etrangère (FLE) et choisit ce thème à son concours. En 2013, elle prend une année de congé formation et passe une licence FLE. Un jour, elle a demandé à une maman d’origine allemande de venir à la rencontre de ses élèves. « Ouvrir les enfants à différentes langues, c’est enrichir leurs perspectives et leur permettre de voir le monde dans toutes ses particularités », précise-t-elle.
Heureux souvenirs
Frédérique Buiche aura finalement enseigné 24 ans à l’école Fernand Gayot. « Je me suis toujours sentie bien à Limas », se souvient-elle. « J’ai été accueillie à bras ouverts par le maire de l’époque, M. Boulaud. Puis M. Thien a toujours encouragé et soutenu mes actions et mes projets pédagogiques ».
Elle garde de très jolis souvenirs, comme cet élève de CE2 qui ne savait pas bien lire. « Son papa était inquiet, je lui avais expliqué que plus l’enfant ressentait une pression, moins il allait progresser. Son père a lâché prise, l’enfant a finalement su lire avant la fin de l’année ».
Elle raconte aussi qu’elle a eu un enfant dans sa classe en 1988, puis la fille de cet élève. Un autre lui a aussi confié qu’elle avait eu son oncle à l’école !
L’école est finie
Après 40 ans de bons et loyaux services, place aux congés à durée indéterminée. Une fois n’est pas coutume, dès septembre, c’est la maîtresse qui fera l’école buissonnière ! Pour sa retraite, elle a déjà quelques projets : rendre visite à une amie de Mieming qu’elle a rencontrée en 1998 alors qu’elle enseignait une semaine en Autriche, dans le cadre du projet Comenius. Elle voudrait aussi s’impliquer dans la vie associative limassienne, suivre les travaux entrepris dans sa maison à Romans, passer plus de temps avec sa famille disséminée dans toute la France, ses deux enfants de 34 et 29 ans, sa belle-fille, enseignante elle-aussi et maman de deux enfants de cinq et un an.
Emue, elle revient sur sa dernière journée d’école : « J’ai terminé la tête dans les nuages : mes collègues et les élèves avaient préparé des surprises, des dessins et des photos. J’ai même eu une haie d’honneur et les enfants ont chanté. J’ai le sentiment d’avoir accompli des choses. C’est un métier difficile que j’ai exercé avec passion jusqu’au bout ». « Je suis comblée de voir tant de reconnaissance », poursuit-elle. « On donne beaucoup mais on reçoit aussi tellement en retour !».
Rencontrée dans sa classe, au premier jour des vacances, il restait un mot sur le tableau, écrit par l’un de ses élèves, avec beaucoup d’application et en lettres cursives : « Merci Maîtresse ».